[Étude AFDCC 2022] DSO en hausse et évolution du credit management
L’AFDCC (l’Association Française des Credit Managers et Conseils) a sorti son enquête annuelle sur les délais de paiement. Quelles sont les évolutions constatées dans les comportements face à des changements majeurs : nouvelles lois, impact économique etc ?
183 entreprises sondées entre octobre et décembre 2022 ont constaté un DSO et des retards de paiement en hausse. Cela oblige les credit managers à faire évoluer leur fonction et à mettre l’accent sur deux points en particulier : la prévention du risque et le recouvrement de créances.
DSO et retards de paiement en hausse dans tous les secteurs
Le constat est sans appel : les délais de paiement se sont fortement dégradés. En 2022, 38% des entreprises ont remarqué que leur DSO avait augmenté. C’est 17% de plus qu’en 2021. Le DSO s’est stabilisé pour 42% d’entre elles et a reculé pour 20% des entreprises seulement (et c’est 15 points de moins qu’en 2021).
En termes de secteurs, tous pâtissent de cette hausse du DSO. Mais on peut noter toutefois que c’est dans l’industrie que la situation s’est le plus détériorée. Si 38% des sociétés constatent une augmentation de leur DSO, l’industrie subit l’évolution la plus importante (+24%) entre 2021 et 2022.
En ce qui concerne les retards de paiement, le constat est le même que pour le DSO. 65% des entreprises relèvent une hausse des retards de paiement. L’AFDCC signale même que ce chiffre est le plus important depuis 2014. La hausse la plus élevée concerne le secteur des services avec 70%. Un bilan bien alarmant !
La situation économique devient de plus en plus tendue et les tensions sont donc palpables. Dans ce contexte, est-ce que les entreprises réclament les pénalités de retard à leurs débiteurs ?
Des pénalités de retard peu réclamées et encore moins encaissées
En 2022, plus d’une société sur deux ne réclame pas de pénalités de retard à ses clients débiteurs. Un chiffre au même niveau qu’en 2020. Seulement, une entreprise sur quatre les réclame occasionnellement.
Pour celles qui les réclament, seules 13% les encaissent réellement. 37% ne le font pas du tout et une sur deux seulement parfois.
Quant à l’indemnité de retard, d’un montant forfaitaire de 40 €, seulement 86% des entreprises l’indiquent dans leurs CGV et factures. C’est pourtant une obligation légale que de la mentionner dans les documents contractuels.
50% des sociétés mentionnent cette indemnité forfaitaire dans leurs relances, mais elles ne sont que 13% à l’encaisser systématiquement.
Conclusion : que ce soient les pénalités de retard ou l’indemnité forfaitaire, ce ne sont pas des moyens “de pression” qui permettent d’améliorer les délais de paiement. Elles ne sont pas utilisées en ce sens. Elles servent en revanche davantage lors de la négociation commerciale.
Credit managers : ressentis et évolution de la fonction
Les credit managers interrogés se disent pessimistes à 70% au sujet des délais de paiement. C’est l’exacte situation inverse par rapport à 2021, année pour laquelle ils étaient optimistes à 70%.
74% des credit managers sondés estiment que leur métier va évoluer dans les prochaines années. Ces changements vont s’orienter vers la gestion du cash management pour 77%, vers l’administration des ventes (40%) et vers la gestion des contentieux pour 33%. Ce dernier point a particulièrement évolué par rapport aux réponses de l’année dernière. Il fait écho à l’augmentation des défaillances et procédures collectives.
Les credit managers identifient deux priorités majeures pour 2023 : la prévention du risque à 78% (+10%) et le recouvrement de créances à 67% (+12%).
Face à ce contexte économique difficile, les credit managers sont-ils amenés à modifier leur stratégie de recouvrement ? 26% d’entre eux ne vont rien changer. Une entreprise sur quatre a l’intention de durcir sa stratégie de recouvrement. Lorsqu’on compare 2021 à 2022, cette proportion passe de 16% à 25%. A contrario, les sociétés qui souhaitent assouplir leurs méthodes de recouvrement passent de 9% en 2021 à 5% en 2022.