Des délais de paiement en baisse mais des entreprises pessimistes
Dans un contexte inflationniste important, le cabinet ARC, spécialisé dans le recouvrement de créances, a sorti jeudi 20 octobre en collaboration avec l’institut de sondage Ifop son baromètre annuel*. Il évalue la perception des entreprises sur l’avenir de leur santé financière. Bien que les délais de paiement se soient améliorés, les entreprises sont toujours inquiètes quant à l’avenir.
"Les retards de paiement se sont réduits et c'est un constat très positif. Mais, dans un contexte de disparition du "quoi qu'il en coûte", de remboursement des PGE, de crainte d'une frilosité des banques, les entreprises redoutent une augmentation des dépôts de bilan et des difficultés de remboursements chez leurs clients," résume Denis Le Bossé, président du cabinet ARC.
Des délais de paiement en baisse
Les retards de paiement entre entreprises ont baissé en l’espace d’un an de 15 à 12 jours en moyenne. Si c’est incontestablement un signal positif, cela ne serait pas le reflet de ce qui va se jouer dans les prochains moins. 80% des entreprises jugent que les délais de paiement vont devenir des variables d’ajustement pour optimiser la trésorerie et qu’ils risquent donc d’augmenter.
En effet, 56% des entreprises pensent que la suppression progressive du “quoi qu’il en coûte” aura pour conséquence une augmentation du nombre de faillites de leurs clients. Plus de 40% estiment aussi que ces derniers ne seront pas en capacité d’honorer leurs créances que ce soit leurs factures, le PGE ou leurs charges. Elles étaient 25% seulement l’an passé à l’affirmer.
“Bercy doit protéger les entreprises de l'explosion des coûts de l'énergie. En particulier, les TPE et les PME fragilisées, qui manquent de fonds propres,” explique Denis Le Bossé. “Des entreprises avec des carnets de commandes remplis disparaissent parce qu'elles ont consommé leur PGE et n'ont pas obtenu de financements nouveaux,” s’alarme-t-il.
Les entreprises envisagent deux options : soit le découvert bancaire, soit l’allongement des délais de paiement de leurs fournisseurs.
L’option des délais de paiement allongés n’est pas la meilleure. C’est un cercle vicieux qui se profile, car cela entraînera des délais de paiement clients plus longs également. Les entreprises en ont bien conscience puisque 91% des sociétés interrogées considèrent cette option nuisible car le non-respect des délais de paiement met en danger la santé financière de l’entreprise. Cela peut même aboutir à la faillite ! 25% des faillites en Europe sont d’ailleurs causées par des impayés.
Pour éviter cette situation, 73% des sociétés se déclarent favorables à la mise en place d’une notation “délais de paiement”. Elles pourraient ainsi prendre connaissance des comportements de paiement des entreprises avant même d’entamer une relation commerciale. Bruno Le Maire, Ministre de l'Économie et des Finances a qualifié cette proposition de “bonne idée”.
“La transparence sur ce sujet est importante : il n’y a pas de raison qu’on note les entreprises sur leur capacité à rembourser leur dette financière et pas leur dette commerciale. Mes services vont y travailler,” a déclaré Bruno Le Maire. Puis de souligner : ”Il faut plus de solidarité entre les grands donneurs d’ordre et les petites entreprises, alors que prévalent les rapports de force. Une particularité française regrettable.”
De même, 53% estiment que le “Name and Shame” de la DGCCRF qui met en ligne publiquement les sanctions des entreprises est efficace pour réduire les délais de paiement.
Des entreprises pessimistes sur l’avenir
L’étude du cabinet ARC dévoile aussi les ressentis des entreprises quant à leur avenir économique.
Il y a celles, peu nombreuses, qui voient le verre à moitié plein. Elles sont 23% à prévoir une croissance de leur activité dans les 6 prochains mois. C’est néanmoins quasiment deux fois moins qu’en 2021 où elles étaient 45% à la même époque.
De l’autre côté, il y a celles qui voient le verre à moitié vide et qui imaginent un recul de leur activité. Elles sont 15% en 2022 vs 8% en 2021.
Dans une plus forte proportion, 64% des sondés jugent que le taux de croissance sera inférieur à 2% pour 2022.
Par ailleurs, 50% des entreprises estiment qu’il leur faudra entre un et deux ans pour effacer les effets sur leur santé financière des différentes crises subies. 40% pensent que le délai sera plus de 3 à 5 ans ou plus. Et 1 entreprise sur 10, par manque de visibilité, ne peut pas se prononcer. Ce qui souligne d’autant plus l’incertitude dans laquelle elles sont.
*L’étude a été réalisée auprès de 523 entreprises de 50 salariés du 1er au 21 septembre 2022.