Nantissement : définition et différences avec l’hypothèque
Le nantissement est un mécanisme juridique souvent utilisé dans les relations B2B. Voyons ensemble sa définition et ses types, ainsi que les différences avec l’hypothèque.
Nantissement : définition
Selon l’article 2355 du Code civil, le nantissement est “l’affectation, en garantie d’une obligation, d’un bien meuble incorporel ou d’un ensemble de biens meubles incorporels, présents ou futurs”. Autrement dit, il s’agit d’un mécanisme permettant à un·e débiteur·rice de garantir une dette envers un·e créancier·ère afin de sécuriser son remboursement.
Types de biens concernés
Le nantissement peut porter sur une grande variété de biens, comme :
- les biens mobiliers corporels : stocks, matériel professionnel, mobilier et matériel de bureau
- les biens mobiliers incorporels : créances, titres, droits de propriété intellectuelle
- les biens immeubles : fonds de commerce (clientèle, droit au bail, enseigne etc.)
À noter que la·le débiteur·rice conserve tout de même l’usage du bien nanti, sauf mention contraire dans le contrat.
Nantissement : fonctionnement
Plusieurs étapes sont à suivre pour la bonne mise en application du nantissement dit conventionnel.
- Identification des biens nantissables
Les parties identifient le bien qui servira de garantie et vérifient s’il est bien libre de tout autre sûreté légale ou privilège.
- Rédaction du contrat de nantissement
Ce document précise les conditions de la garantie, telles que le bien donné en garantie, le montant de la dette concernée et les modalités de réalisation du nantissement en cas de non-paiement. Il peut également prévoir une clause d’attribution, permettant au·à la créancier·ère de devenir propriétaire du bien en cas de non-paiement, sans passer par la vente judiciaire. Le contrat peut être sous seing privé ou authentifié par un notaire.
- Inscription à un registre spécifique selon le bien
En fonction du bien, l’inscription à un registre spécifique peut être obligatoire. Par exemple, si le bien concerné est un fonds de commerce, il doit être inscrit au Registre du Commerce et des Sociétés (RCS) dans les 15 jours suivant la signature pour être opposable aux tiers. Cette formalité permet de rendre public le fait que le bien est grevé d’un nantissement. Le contrat doit être déposé au greffe du tribunal de commerce du lieu où est situé le siège social de l’entreprise débitrice.
- Information des parties concernées
Dans le cas d’un nantissement de créances, la·le débiteur·rice doit être informé·e pour savoir qu’il·elle devra payer directement la·le créancier·ère nanti en cas de défaut de paiement.
- Mise en application
Si le·la débiteur·rice ne rembourse pas sa dette, la·le créancier·ère peut demander une vente judiciaire du bien nanti pour récupérer la somme due. Il·elle peut aussi devenir la·le propriétaire du bien s’il y a une clause d’attribution dans le contrat.
Les différents types de nantissement : conventionnel et judiciaire
Il existe deux types de nantissement.
Nantissement conventionnel
Il s’agit d’un accord contractuel établi librement entre la·le créancier·ère et la·le débiteur·rice. Il suit la trame expliquée précédemment. Il accorde :
- un droit de préférence sur le bien nanti en cas de liquidation des biens du·de la débiteur·rice
- un droit de suite, qui permet au·à la créancier·ère de suivre le bien nanti entre les mains de nouveaux acquéreurs, sous certaines conditions juridiques.
Nantissement judiciaire
Le nantissement judiciaire résulte d’une décision du·de la juge à la demande du·de la créancier·ère. Elle est mise en place via une procédure judiciaire, souvent en cas d’urgence ou de risque d’insolvabilité du·de la débiteur·rice. Contrairement au nantissement conventionnel, cette garantie est généralement imposée sur des biens spécifiques identifiés par la·le juge. Elle octroie :
- un droit de préférence et un droit de suite
- des mesures conservatoires, ordonnées par la·le juge pour préserver la valeur du bien nanti.
Nantissement et hypothèque : les différences
Ces deux garanties sont utilisées pour sécuriser des dettes. Cependant, elles diffèrent sur plusieurs aspects :
Type de biens concernés
- Nantissement : Biens meubles corporels (machines, stocks) ou incorporels (créances, fonds de commerce, brevets).
- Hypothèque : Exclusivement des biens immobiliers et certains droits immobiliers (usufruit, droit de bail).
Formalités
- Nantissement : Acte écrit (sous seing privé ou notarié), avec inscription obligatoire dans certains registres selon le bien (par exemple au RCS pour le fonds de commerce).
- Hypothèque : Acte notarié obligatoire, avec inscription au Service de Publicité Foncière (SPF).
Durée
- Nantissement : Liée à la durée de la dette et prend fin une fois celle-ci remboursée.
- Hypothèque : Peut durer jusqu’à 30 ans après remboursement, nécessitant une procédure de mainlevée pour être radiée.
Coût
- Nantissement : Moins coûteux, car l’intervention notariée n’est pas systématique.
- Hypothèque : Plus coûteuse, car elle inclut des frais de notaire, droits d’enregistrement, frais de publicité foncière.
Effets en cas de défaut de paiement
- Nantissement : Vente judiciaire possible, mais nécessite souvent une procédure spécifique, sauf en cas de clause contractuelle.
- Hypothèque : Saisie et vente judiciaire quasi automatiques.
Attribution directe
- Nantissement : Possible via une clause d’attribution dans le contrat, permettant au·à la créancier·ère de devenir propriétaire sans vente.
- Hypothèque : Interdite, la·le créancier·ère doit recourir à une vente judiciaire.
Nantissement : les risques
Certes, le nantissement sert à sécuriser les créances, néanmoins, cette sûreté n’efface pas les risques.
Valeur du bien nanti
La valeur du bien donné en garantie peut diminuer au fil du temps, réduisant ainsi l’efficacité du nantissement. En cas de défaut de paiement du·de la débiteur·rice, le bien nanti peut ne pas couvrir l’intégralité de la dette garantie.
Exemple : des actions ou parts sociales nanties perdent de leur valeur en raison de la fluctuation des marchés financiers.
Difficulté de réalisation du nantissement
La procédure pour faire valoir ses droits sur le bien nanti peut être longue et complexe.
Exemple : Si une vente judiciaire est nécessaire, la·le créancier·ère devra obtenir une autorisation et engager une procédure judiciaire, ce qui peut entraîner des coûts supplémentaires et retarder le remboursement.
Non-opposabilité aux tiers
Si le nantissement n’est pas enregistré ou déclaré correctement, il peut ne pas être opposable aux autres créancier·ère·s ou à des tiers et être considéré comme invalide.
Exemple : Si le nantissement d’un fonds de commerce n’est pas inscrit aux RCS, un·e autre créancier·ère pourrait revendiquer un droit prioritaire sur le bien concerné.
Priorité d’autres créanciers
Même si la·le créancier·ère est privilégié·e grâce au nantissement déclaré correctement, d’autres créancier·ère·s peuvent avoir des droits prioritaires.
Si le bien nanti est insuffisant pour couvrir la totalité des dettes, la·le créancier·ère risque de ne pas récupérer l’intégralité de sa créance.
Exemple : les créancier·ère·s privilégié·e·s, comme le fisc, l’URSSAF et les salariés de la société débitrice peuvent être payé·e·s en premier lors d’un redressement ou d’une liquidation judiciaire du·de la débiteur·rice.
Insuffisance des biens nantissables
Le bien nanti peut ne pas suffire à garantir la totalité de la créance, notamment si la valeur du bien est surévaluée lors de la constitution du nantissement.
Exemple : des charges non prévues diminuent la valeur nette du bien (comme des taxes ou des créances concurrentes).
Frais et coûts supplémentaires
En plus des frais nécessaires au nantissement, la·le créancier·ère pourrait devoir engager des frais imprévus pour maintenir ou faire valoir son droit.
Exemple : honoraires d’avocats pour une procédure judiciaire, coûts liés à la conservation et à la gestion du bien nanti.
Risque de mauvaise évaluation initiale
Si la·le créancier·ère évalue mal la solvabilité du·de la débiteur·rice ou la qualité de la garantie, il peut s’exposer à un risque financier élevé.
Avec notre logiciel de gestion du risque LeanPay, vous pouvez surveiller le comportement de paiement de vos débiteur·rice·s pour éviter les risques grâce à l’intégration des principaux fournisseurs d’informations financières (Altares, Ellisphere, Creditsafe). Bénéficiez de fonctionnalités comme :
- le scoring pour suivre la santé financière de vos client·e·s
- La limite de crédit conseillé par votre fournisseur d’information financière
- La limite d’encours autorisé, avec possibilité de personnaliser les seuils d’alerte
- Les alertes en cas de dépassement de la limite d’encours, mais également lors d’une procédure collective pour l’un·e de vos client·e·s
- Le reporting de recouvrement regroupant l’ensemble des indicateurs clés du poste client, comme le DSO et la balance âgée
En plus d’accélérer vos encaissements, LeanPay vous aide à préserver votre trésorerie des impayés. Si vous souhaitez optimiser votre gestion du risque client, faites nous signe !